samedi 19 avril 2008

Mise à jour Guinée Equatoriale: un leader de l'opposition arrêté en Espagne

Severo Moto

C'est une histoire comme on en trouve qu'en Afrique, qui mêle une opposition politique en exil et aux pratiques douteuses, une ancienne puissance coloniale qui ne sait pas se positionner, et des "intermédiaires" blancs aux pratiques étranges.

On en parlait il y a quelques semaines dans un article de fond, la petite Guinée Equatoriale est dirigée par un dictateur sans merci, Obiang, qui profite comme il peut des réserves pétrolières de son pays.

Voilà que le 15 avril, les autorités espagnoles annoncent l'arrestation de l'un des principaux leaders de l'opposition, Severo Moto, qui réside à Madrid où il bénéficie de l'asile politique depuis 1986. Moto, condamné par contumace à 62 ans de prison pour une tentative de coup d'état avorté en 2004, aurait cherché à faire passer des armes en Guinée Equatoriale. le dossier implique aussi un intermédiaire blanc, qui aurait affrété un hélicoptère lors du coup d'état de 2004. Fait surprenant, il s'agit d'un certain Mark Thatcher, qui n'est autre que...le fils de Margaret, la fameuse "dame de fer" qui dirigea le Royaume Uni de 1979 à 1990. It's a small world...

Mark Thatcher avait par le passé reconnu avoir affrété l'hélicoptère, mais affirme cependant qu'il ignorait que celui-ci serait utilisé lors du coup d'état, jurant à qui veut bien l'entendre qu'il devait être utilisé pour des raisons commerciales. Il avait écopé d'une peine de prison avec sursis. Autre intermédiaire: Simon Mann, mercenaire britannique et ancien des SAS, accusé par Obiang d'avoir fermenté un coup d'état. Mann, qui jure qu'il allait juste travailler comme "agent de sécurité" dans une mine, gît actuellement dans une prison guinéenne, en dehors de tout cadre légal.

L'Espagne, elle, ne sait trop sur quel pied danser. Le statut de réfugié politique de Moto avait été révoqué en 2005 (on l'accusait alors d'utiliser l'Espagne comme "base" d'un futur coup), avant d'être rétabli par la Cour Suprême.
Son arrestation devrait porter un nouveau coup dur à l'opposition à l'approche des élections. Une opposition qui montre que, dans le monde des conflits oubliés, tout n'est jamais noir ou blanc. Les terres grises portent décidément bien leur nom...

Voir les articles du Times et AFP.

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